L’ancienne ferme perlière, Tikehau
Le bateau en aluminium vient directement me récupérer sur la plage de la pension dans laquelle j’ai décidé de loger. Il est 8h30. Trois autres clients sont déjà à bord accompagnés par un moniteur et Jean-Paul, notre capitaine à la barre.
Tout le matériel est déjà prêt sur le bateau. Les bouteilles sont gréées et l’équipement dont j’ai besoin est rangé à l’avant de l’embarcation. Dans cette île des Tuamotu, le centre TOPDIVE se trouve sur un motu isolé du village, au sein de l’hôtel Tikehau Pearl Beach Resort. Antoinette, une autre monitrice du centre, m’a contacté à la pension le soir de mon arrivée pour me demander ce dont j’avais besoin pour cette plongée ; c’est toute une organisation.
La raie manta
Il y aurait plus d’une centaine de Mantas birostris vivant dans le lagon de Tikehau
Une fois à bord, notre moniteur Vincent expose le programme de la matinée. Nous partons là pour deux plongées successives. En guise de premier site, nous nous dirigeons vers le milieu du lagon en direction de l’ « ancienne ferme perlière » qu’on distingue déjà depuis la plage. Dix minutes de navigation et nous arrivons sur un site peu profond où quelques raies mantas aiment bien venir se faire nettoyer. A ce qu’on dit, il y aurait plus d’une centaine de Mantas birostris vivant dans le lagon de Tikehau ! Quelques-unes seraient-elles disposées à nous faire une petite apparition ?
Notre bateau ralentit et aborde une remontée corallienne par le nord. Des tâches sombres tranchent avec le fond clair sablonneux, serait-ce des raies ? Non, malheureusement ce ne sont que des petites « patates » de corail parsemées ici et là.
Lorsque nous atteignons la pointe du plateau corallien immergé, une tache bien plus noire et nette se fait remarquer. Avec ses cornes encéphaliques blanches et son dos bleu si dense, la première manta se montre à nous. Puis une seconde évolue en cercle autour de la patate voisine. Elles ont l’air d’être bien présentes ce matin. Jean-Paul va mettre le bateau au mouillage au sud, à 100m de là. Le site est peu profond, il y a trois mètres sous le bateau et on peut voir les mantas évoluer dans moins de 10m d’eau. Elles tournent le plus souvent au dessus des formations coralliennes où les labres nettoyeurs ont élus domicile. Ici, ceux sont de véritables stations de déparasitage pour les mantas et autres poissons qui ouvrent allègrement leurs branchies et leur bouche afin d’y laisser s’engouffrer les petits labres colorés. Certaines raies reconnaissables au dessin de leurs taches sur le ventre peuvent paraître gigantesques.
“Nous sommes restés vingt-cinq minutes sans bouger sur un fond de cinq mètres, à retenir nos bulles : l’émerveillement devant cet animal majestueux relève véritablement de la pure contemplation. Entre nous, ce site est exceptionnel pour faire son baptême de plongée ! ”
Chaque raie évolue en spirale autour d’une patate comme si elle avait déjà élu ses meilleurs nettoyeurs. L’observation est aisée et la prise de photos sensationnelle. Nous sommes calmes tout comme les mantas. A genoux sur le fond sablonneux, nous essayons d’éviter que le sable se mette en suspension. Nous sommes restés vingt-cinq minutes sans bouger sur un fond de cinq mètres, à retenir nos bulles : l’émerveillement devant cet animal majestueux relève véritablement de la pure contemplation. Entre nous, ce site est exceptionnel pour faire son baptême de plongée !
Puis nous nous remettons à palmer vers la prochaine remontée corallienne que nous apercevons dix mètres plus loin. Ce sont maintenant trois raies en file indienne que nous admirons. Elles nous passent au-dessus de la tête par mégarde, à croire qu’elles n’ont pas remarqué notre présence. Parfois les raies mantas font des looping de bas en haut, la bouche grande ouverte et les cornes déployées à écumer le plus de plancton possible. Le lagon nourricier est bien représenté sur ce site de plongée, même si la visibilité est parfois amoindrie à cause de cette forte concentration de nourriture.
En plus de ces « diables des mers » complètement inoffensifs, on peut aussi admirer du tout petit avec des nudibranches en pagaille. Et dans les branches d’Acropora (corail dur, « constructeur du récif »), des milliers d’Anthias et autres demoiselles vertes, bleues ou noires virevoltent énergiquement. Entre ces doigts protecteurs, les alevins se sentent à l’abri du moindre danger. Quelques balistes, murènes, mérous, requins pointe noire pourront aussi agrémenter cette plongée facile.
Une fois tous remontés à bord, la mine enjouée, nous échangeons nos impressions avant de prendre la direction de la passe de Tuheiava pour notre deuxième immersion. Nous y serons dans vingt minutes, des images plein la tête.
© Photos : V.Truchet, G.Lecoeur
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