Ohutu (Passe de Garuae), Fakarava

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Mai 2012

Dès notre arrivée à Fakarava, nous sommes envahis par une sensation curieuse : subitement, le temps semble se figer. On se sent bien… Cette impression est probablement due au fait que l’atoll de Fakarava est beaucoup moins peuplé que Rangiroa et certainement beaucoup moins visité par les touristes. La vie à terre y est moins rude, la végétation est plus abondante et la mer, elle aussi, semble plus calme.

Biosphère de l’UNESCOBiosphère de l’UNESCO, l’atoll est célèbre pour deux choses : sa beauté exotique et les plongées extrêmes qu’on peut y pratiquer. A Fakarava, soyez prêts pour « une immersion dans un monde sauvage ». Connaissant la réputation de l’atoll, mes attentes étaient plutôt élevées. On dit qu’il faut le voir pour le croire et je n’attendais que ça !! Je m’étais préparée à être surprise et étonnée et je n’allais pas être déçue…

Palanquée à Moorea

Le centre de plongée sous-marine Topdive de Fakarava

A mon arrivée au centre TOPDIVE de Teavanui, je fais rapidement connaissance avec notre guide, Fanny Bonnemains, une petite blonde pétillante qui se révèle être monitrice de ski alpin et aussi monitrice de plongée selon la saison. L’espace d’un instant, je l’imagine sur son snowboard, dans un décor tout autre… Au centre de plongée, je retrouve par un étrange hasard mes camarades américains Ken & Maya, un couple de Los Angeles rencontré lors d’une précédente plongée à Rangiroa. L’un et l’autre sont des plongeurs expérimentés et d’excellents photographes sous-marins. Cool !!! Non seulement je vais plonger avec des amis, mais en plus, je sais que leur niveau va dynamiser notre groupe.

Après une mise au point rapide sur l’équipement, Fanny fait le briefing de notre plongée. Nous allons à Ohutu, un magnifique plateau récifal situé au Nord en sortant de la passe de Garuae.

A Fakarava, contrairement à ce qui se fait dans les autres atolls, les horaires de plongée sont alignés sur les tables des marées. Les plongées doivent coïncider avec les courants de marée entrants, afin d’éviter aux plongeurs le risque d’être emportés vers le large. Le courant peut être parfois tellement fort que la règle veut que le plongeur gonfle une bouée fluorescente à la fin de sa plongée pour permettre sa localisation et son recueil immédiat par le bateau. A Rangiroa, la mer changeante et plus rude imposait l’utilisation d’un Zodiac. Ici, nous bénéficions d’un vaste et confortable bateau en aluminium. Un vrai luxe !

“Ce trafic intense dans la passe est incessant. Toute cette vie, tout ce mouvement autour de nous procure un frisson enivrant. ”

Enfin, c’est le départ vers toutes ces « merveilles » qui nous attendent ! Le site de plongée n’est pas proche du centre : il nous faut 25 bonnes minutes de bateau pour atteindre la passe. La météo est excellente : grand soleil, mer calme et clémente… Les conditions nous sont favorables. Nous partageons notre bateau avec trois autres palanquées soit un total de 4 instructeurs accompagnant environ 15 plongeurs. Sur place, l’entrée dans l’eau est plutôt mouvementée : tels des plongeurs de l’armée américaine, nous sautons à l’eau l’un après l’autre depuis l’arrière du bateau qui reste en marche. Le but de cette manœuvre est de nous mener rapidement au bon endroit et au moment de l’étale de la marée entrante. On ne fait pas une plongée en dérive et notre objectif est d’atteindre la zone de Ohutu en descendant par le côté droit de la passe jusqu’au tombant, à 30mètres.

Arrivés au fond, nous sommes immédiatement frappés par la profusion de coraux et de poissons. Les coraux sont très diversifiés avec une abondance de madrépores Pocillopora, Acropora etFavia. Ils abritent les mêmes espèces de poissons que dans les autres atolls desTuamotu, mais dans des concentrations bien plus importantes. Des perroquets de différentes couleurs broutent dans le paysage de corail, des balistes, des perches tamouré et des nasons se déplacent en bancs, différentes espèces de poisson papillon batifolent en couple sur les jardins de corail, des gros mérous marbrés profitent de l’étale pour s’alimenter à pleine bouche et une colonie impressionnante de poissons chèvres nous présente leurs magnifiques couleurs. Subitement, un grand labre Napoléon traverse notre champ de vision dans le bleu des profondeurs. Au loin, des requins gris et noirs enquêtent sur l’activité récifale. Un couple de raies manta survole le récif tandis qu’une bande de fusiliers court au milieu du bleu.

Un peu plus loin, alors que nous avançons vers l’intérieur de la passe, Fanny nous entraîne dans un couloir corallien. Elle nous avait prévenu que l’eau y serait plutôt laiteuse et trouble, mais surtout, qu’on y entendrait des petits bruits bizarres.

Effectivement, rapidement, une espèce de cliquètement répétitif s’impose à nous. Je n’ai compris que plus tard que ce corridor était en fait la « bouche » de la passe et que le son perçu était provoqué par le frottement de l’eau sur les coraux et leur ballottement dans le courant entrant. Au milieu des jardins coralliens, une tortue solitaire glisse soudain tout près de nous. Elle s’approche si près que nous la pensons apprivoisée et habituée à la présence des plongeurs. Les photographes du groupe deviennent fous ! Maya est aux anges. Elle est tellement conquise par la docilité de cette créature qu’elle ne peut s’arrêter de la photographier ! La tortue s’approche vraiment très près d’elle et commence même à mordiller sa cartouche d’air de réserve ! Heureusement, Fanny sauve la cartouche en repoussant gentiment la tortue…

Cette rencontre est aussi rare qu’inouïe. Après des années de plongée, jamais je n’ai été si près des animaux sauvages qu’aujourd’hui ! Dans des moments de telle intensité, on aimerait être photographe pour fixer l’incroyable. Peu après, nous regagnons la surface et terminons notre communion avec la nature. Les mots pour décrire cette plongée n’existent pas. Simplement inoubliable…

© Photos : V.Truchet, P.Joachim, G.Lecoeur, E.Cheng

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