Sortie Baleines, Tahiti
De fin juillet à octobre, les baleines à bosse migrent en Polynésie et je ne vais pas rater une telle occasion de les approcher. Arrivée à 8h00 au centre TOPDIVE de Tahiti, je suis toute excitée par le face à face qui m’attend. Une dizaine de personnes, plongeurs ou non, sont là pour les mêmes raisons que moi.
Je dois avouer que c’est plaisant pour une fois de venir au centre sans transporter mon gros sac de plongée ! Pour l’observation des baleines, il suffit de se mettre à l’aise sur le bateau avec combinaison, palme, masque et tuba. Pour le reste, ce sont Franck , notre moniteur et Teiki, notre pilote, qui s’en chargent. Ils emportent des jumelles pour repérer l’animal et un chronomètre pour évaluer ses apnées.
Nager avec les baleines à Tahiti
8h30, l’heure du départ !! La sortie commence comme à l’accoutumé dans le bruit des moteurs et par le briefing de Franck. Il nous rappelle les quelques règles d’approche à suivre : rester calme, ne pas tenter de toucher l’animal, ne pas taper sur la coque du bateau… Nous nous dirigeons vers la passe, l’observation se faisant en pleine mer entre Tahiti et Moorea. Une fois hors du lagon, le temps est à l’observation. Nous scrutons les alentours à la recherche du moindre signe qui trahirait leur présence. Franck, qui dirige l’observation depuis des années, est aux aguets. Après vingt bonnes minutes d’attente, il repère à environ 500m au nord-est un souffle d’air en forme de V, caractéristique du mégaptère. Nous tentons une approche…
Par chance nous sommes les seuls sur les lieux, cela ne durera pas. Nous restons à bonne distance de l’animal le temps d’étudier ses apnées et ses déplacements. Franck nous confirme qu’il s’agit d’une mère et son baleineau. Il nous explique également qu’elles sont en phase de socialisation. Ce n’est pas une science exacte mais l’étude des comportements des baleines permettrait d’évaluer les 4 phases d’activité des mammifères : le repos, le déplacement, la chasse et la socialisation.
“ Après observation, nous les approchons par le côté droit à une vitesse réduite. Il ne faut surtout pas couper leur trajectoire. Nous avançons donc prudemment sans jamais risquer de séparer la baleine de son petit. ”
C’est magique d’apercevoir les silhouettes de ces deux animaux évoluer en mer, leur énorme nageoire brisant la surface. Le souffle puissant de leur respiration impose le respect à lui seul. Ce que nous attendons tous secrètement, c’est le feu vert pour nager à leurs côtés, mais comme le dit Franck, c’est la baleine qui décide. Ce signal est donné selon les 3 types de réaction du cétacé : l’évitement, l’approche et l’indifférence. Pour cette fois, la chance est avec nous et cette femelle d’environ 13 tonnes semble d’humeur à nous rencontrer et approche doucement du bateau avec son petit.
Nous ne nous faisons pas prier et en quelques minutes quasiment toute l’embarcation se retrouve à l’eau. C’est encore plus magique sous l’eau. Nous contemplons la baleine câlinant son baleineau. Elle semble guider le baleineau encore désorienté dans sa découverte de l’océan. Amour et tendresse sont palpables. Nous sommes 8 à être ébahis par la beauté de ces mammifères à quelques mètres de nous, par leur grâce sous-marine et l’aisance de leur déplacement. A ce moment-là, je me sens minuscule dans l’immensité de l’océan. J’aperçois l’œil de la mère qui ne cesse de nous surveiller alors que son petit semble vouloir se rapprocher encore de nous. Les photographes, eux, s’en donnent à cœur joie et mitraillent les mégaptères. Voyant l’excitation de chacun, je suis consciente de mon privilège et j’en profite !!! Je ne perds pas une goutte du spectacle de ces deux baleines jouant dans l’océan. Grâce à la transparence de l’eau, chaque détail de leur imposant corps est visible : un rostre bosselé, des évents symétriques, une nageoire caudale tachetée…
Après quelques minutes de pur plaisir, la baleine décide que s’en est assez : entraînant son petit, elle prend le large disparaissant en direction de Moorea. Je retourne alors sur le bateau la tête pleine d’images. Je reviendrai dès que possible en espérant cette prochaine fois entendre le chant d’un grand mâle.
© Photos : V.Truchet, P.Joachim, TahitiFlyShoot, G.Lecoeur, S.Girardot
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